Je ne l’ai pas rêvé ?
- Je sens que ce dimanche ne sera pas comme les autres.
- La journée commence très bien.
- J’ai envie d’évasion.
- Mi septembre et la météo annonce une très belle journée.
- J’ai envie d’en profiter…
- C’est sûr, je pars pour l’aventure.
- Sans GPS, rien que du hasard, la voiture m’emmène à l’orée d’une très belle forêt.
- Un peu de marche me fera du bien.
- Le paysage est extraordinaire, les arbres ont déjà pris des couleurs de fêtes, passant d’un vert brillant à un ocre doré.
- L’air est chaud et les fragrances de cette forêt m’enivrent.
- Légère brise, j’ai l’impression d’entendre des soupirs, même respirer.
- Non, ce n’est pas mon imagination je l’entend murmurer.
- Il est là devant moi, immense, tellement beau, incroyable !
- Je suis bouche bée, je l’écoute raconter,
- Je suis né il y a plus de 300 ans, aucune bourrasque n’a su me déraciner.
- De longues années de dur labeur,
- Le printemps, je m’habille d’une douce verdure et j’attire vers mon cœur les nids des oisillons.
- L’été venu, je suis le plus beau, mes feuilles vibrent, je respire.
- Mon chant est un délice de paix pour tous les passants qui se reposent sur mes grosses racines débordant de la terre.
- Je les couvre de mon ombre, je les protége de la pluie, du vent.
- Je crois que l’homme m’aime ? Mais moi c’est sûr, je l’aime.
- En automne, je me pare de couleurs à en rendre jaloux plus d’un…
- En hiver je suis majestueux, mon corps viril laisse voir sur mes veines, les traces du temps, guerres, amours, maladies, pollutions…
- Je vis dans un monde changeant, j’ai peur moi aussi de mourir.
- Car tous mes amis proches sont morts depuis bien longtemps.
- Je reste seul et je prie ce monde de m’épargner…
- Je parle, je parle, désolé je ne me suis même pas présenté ! Je suis un Hêtre, grand et fort,
- Tu es un « Être » ! Venu là puiser un peu de ma force, mon calme, ma liberté que je te donne volontiers.
- De mes racines au plus profond de la terre, je puise l’eau de vie qui me donne cette vigueur.
- Et à toi ‘l’Être je te la transmets de tout mon cœur.
- Mais toi l’Etre égoïste, tu profites de ma force, de mon ombre, de mon réconfort.
- Mes yeux sont fatigués de ses visions de nature morte aux alentours
- Alors toi l’Être, réfléchis à ce que tu détruis.
- Il y a très longtemps ici ce n’était que ruisseaux, animaux, oiseaux et plein d’Hêtres comme moi, mais il n’en reste rien… plus rien.
- Alors toi devant moi, je t’implore de respecter la nature.
- Rien d’impossible ! il suffit de le vouloir vraiment.
- Et à toi l’homme, l’Être absolu, je te demande juste la vie, à toi dans tes guerres de faire le tri…
- Je ne suis qu’un Hêtre, je ne le sais que trop bien…
- Et toi tu es un Être? Je n’en suis pas sûr !!!
- Et puis le Hêtre resta muet … comme si je venais de me réveiller.
- Un long moment, assise sur une de ses grosses racines, je suis restée là à réfléchir …
- Tellement de vérité dans ses paroles…
- Il faut vraiment réagir
Solédane
